La coopération, cet esprit d’équipe qui fait le corps du travail
27-02-2017 - Organisation du travail

Travail prescrit, moyens de le réaliser
Nous travaillons chacun pour une multitude de raisons. Gagner un salaire pour satisfaire nos besoins « alimentaires » en premier lieu, mais également pour nous réaliser individuellement et socialement. Par le travail, chaque personne poursuit la construction de son « individualité », de son identité. Nous répondons à des exigences de nos supérieurs hiérarchiques (« Faites-moi ce travail pour 14h », « Je vous fixe l’objectif de contacter 20 clients cette semaine », « Je veux que vous rameniez 20000€ de chiffre d’affaires à l’entreprise cette année », etc), ce sont les prescriptions du travail. Néanmoins, nous avons chacune et chacun notre façon de faire, nos petits trucs et astuces pour y parvenir, parce que nous mobilisons une certaine intelligence de travail face à la réalité du travail qui se présente à nous. Cette intelligence, nous la mettons en œuvre non seulement parce que nous avons répété un geste ou une opération de nombreuses fois et que nous le maîtrisons, mais également parce que nous travaillons avec d’autres ou comme d’autres ont travaillé avant nous, et qu’ils nous ont enseigné une certaine façon de faire. C’est ce qui nous insère socialement dans le travail. Cette transmission de gestes, de savoir-faire, de savoir-être, nous inscrit dans un collectif de travail. Ainsi, nous ne sommes jamais seuls. Nous sommes toujours en lien avec une communauté d’appartenance, au moins intellectuellement.
Le collectif de travail, lieu d’échanges et de socialisation
Le collectif de travail, qu’il soit réel et physique (une équipe, un service) ou virtuel et intellectuel (un ordre professionnel –ordre des médecins, des experts-comptables, communauté des chercheurs, etc), est ainsi un ancrage qui nous permet de nous réaliser au travers de la confrontation des idées avec d’autres. Dans ce collectif, chacun doit pouvoir échanger librement sur sa pratique, expliquer ses échecs, sa façon de s’y prendre, partager ses ficelles de métier. Ce n’est que parce que chacun ose parler de ses succès et de ses échecs que la confiance mutuelle se crée et qu’un groupe soudé et uni se constitue. Nous faisons ainsi « corps » aussi bien dans les réussites que dans les difficultés.
La désolidarisation du lien
Dans les organisations modernes du travail, ces liens sont bien souvent menacés ou tout du moins délaissés. Les temps de pause sont amoindris, quand ils ne sont pas supprimés car jugés improductifs. Les équipes sont très souvent éclatées, les rotations de poste fréquentes et le travail à distance fréquent. Outre un amoindrissement de la présence physique, c’est la notion même de lien entre les personnes qui est souvent remise en cause. La solidarité est une chose devenue rare en entreprise : chacun essaie de défendre sa place dans un contexte économique difficile. Nous devenons malgré nous le rival du voisin de bureau. La compétition s’installe par le biais des évaluations à la performance annuelle et le management par objectif.
Promouvoir le dialogue, meilleur rempart contre la détresse individuelle
Dès lors, que faire pour restaurer l’esprit d’équipe et lutter contre cette désolidarisation du lien ? Restaurer le dialogue entre la hiérarchie et son équipe, veillez à ce que la communication se fasse dans les deux sens, que la base soit écoutée. Favoriser les moments de dialogue, formels ou informels. Une ambiance de bureau ne se crée-t-elle pas plus autour de la machine à café le matin que dans des séminaires de team-building? Prendre le temps d’écouter ce que chacun a à dire n’est pas une perte de temps. C’est plutôt l’assurance de la création du lien, meilleur rempart qui soit à l’isolement au travail. Car c’est bien l’isolement qui coûte tant à la santé du salarié, pas le temps qui sera pris à lui demander chaque matin s’il se sent bien avec les autres.